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William Théaux

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Art de la Mémoire

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Une mémoire collective, sans transmission initiatique du savoir - un Art de la Mémoire 

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   Je vais continuer un petit peu sur le christianisme après les questions de Thierry De Vita qui est un peu complice ; non pas qu'il ait préparé la question mais complice parce que nous nous connaissons depuis longtemps et que nous avons évolué et développé nos connaissances ensemble.– A propos du christianisme, je crois que la légende ou le dogme, ou les évangiles indiquent que la décision de la fin du sacerdoce de cet homme qui se serait appelé ou qui aurait été appelé Jésus Christ, la fin de son service, c'est à dire sa condamnation à mort aurait été entérinée à partir d'un débat  résolu par la sanction des rabbins qui l'auraient destiné à la mort - Ce débat portait sur différents sujets, mais de façon assez importante, principale, sur l'identité de Moïse –et ceci se trouve assez bien décrit par la scène de la Transfiguration.

   La Transfiguration est un moment -  à la fin de la vie de Jésus Christ, où il demande à ses disciples de le laisser seul pour aller, justement, régler les derniers débats, le dernier combat avec les rabbins et quand il en revient, il retrouve ses disciples - Nous pouvons supposer qu'il n'est pas très joyeux, il dit : cela a foiré… cela n'a pas marché… ils ne sont pas d'accord, il n'y a pas eu d'accord - cela signifie qu'il sera mis à mort et il emmène deux disciples sur une colline et là se déroule la Scène dite de la Transfiguration - Jésus Christ autorise deux de ses disciples à voir trois personnages, dont lui-même et un autre, un prophète et puis Moïse sans voile. Dans le ministère des rabbins, dans le ministère juif, une des conditions, un des principes majeurs, fondateurs, originaires, consiste à garder un voile sur le visage de Moïse - un voile qu'il a commencé à porter - ou que la mémoire lui a prise. Au moment où il acquiert les Tables de la Loi, il descend du Sinaï et les rabbins doivent maintenir ce voile - c'est à dire maintenir l'identité de Moïse secrète.

   Jésus Christ, selon les Coptes, au cours de ses initiations, avait été avec la Sainte Famille, en voyage en Égypte quand il était jeune - à Hermopolis Magna - nous pouvons le supposer…Il avait quelques informations sur l'identité de Moïse et, il a voulu - et c'est selon St Paul aux Corinthiens- qui explique que Jésus Christ sur cette colline dit à  ses disciples : voilà, je vous raconte pourquoi… le point de désaccord majeur avec les rabbins - nous allons maintenant descendre de la colline mais ce ne sera pas la peine d'en parler dans la population d'Israël car, pour elle le secret sera gardé, mais il faudra en parler plus largement.

   Donc, ce que cela peut vouloir indiquer sur ce petit rappel, ce que personnellement j'aurais tendance à penser par rapport au code, lorsque Thierry de Vita se demande si le Corpus Hermeticum était la mise en usage d'un code, il me semble que nous pouvons peut-être élaborer un petit système de pensée et décrire cet usage du Corpus Hermeticum plutôt comme une figuration, comme une phase de figuration - en partant sur cette idée que la figure, le visage, l'image de Moïse est voilée, ou pas - C'est à partir du christianisme que, puisqu'il y a un problème avec l'identité, avec la face, c'est à dire le visage historique de Moïse, le christianisme va être un processus de traitement des images et, ceci, je pense, peut nous être suggéré comme voie de pensée, puisque que du côté du code, nous avons bien antérieurement les écrits de Moïse c'est à dire la Bible, les premiers écrits de Moïse, qui, eux, sont très suggestifs du code . C'est l'établissement de la lettre, d'une lettre qui est codée et, nous pourrions en quelque sorte formuler cet échafaudage intellectuel, comme ceci… Au sortir d'Amarna, Moïse ou Akhnaton aurait distribué, établi la mise en chiffre, un codage, par ses textes, par son écriture qui peut être numérisée, disons une écriture chiffrée et - ce codage a ensuite besoin d'images - or c'est exactement ce que Hal nous expliquait - où sont tes roues Hal ?...  Dans les roues hermétiques de Giordano Bruno, par exemple, la mémoire est constituée d'une coïncidence variable entre des images et des places. Tout ceci nous porte sur le terrain qui est au motif de notre colloque - c'est à dire nous suggère la question, à savoir, quel est le lien entre la psychanalyse et l'hermétisme...

   Ce lien pourrait se faire par ce que les herméticiens ont appelé l'Art de la Mémoire.  (extrait) Cet art de la mémoire est un système de roues où des images vont se combiner à des places - c'est à dire pour les techniciens, quelque chose qu'évidemment ils connaissent, les techniciens de la psychanalyse - et surtout de la psychanalyse lacanienne,  c'est à dire un motif, un algorithme, un mobile que Lacan a appelé Les Quatre Discours, où il opère d'un schéma minimum de quatre images qui tournent sur quatre places ou inversement quatre places qui tournent sous quatre images.

  Y a-t-il une historicité ou une histoire des Quatre Discours ? Si Lacan fait un modèle de la psychanalyse ou offre à la psychanalyse un système qui est le système des Quatre Discours, si ce système c'est bel et bien, c'est effectivement le système de Giordano Bruno, cela nous incite à approfondir un petit peu, à nous intéresser à l'historique, à l'histoire du système de Giordano Bruno tout du long de ce développement de l'hermétisme que nous avons vu alterner entre expression idéale et refoulement.

  L'art de la mémoire de Giordano Bruno nous vient au plus loin que Giordano lui-même s'en rappelait, probablement, de ce que nous connaissons à présent… peut-être y a-t-il eu quelque chose auparavant, mais il nous vient de l'époque de Platon, de l'époque de Socrate, de l'époque de Sophocle. Il s'agit de ce qui a été au moment où, après la mort de Sophocle [lapsus // Socrate], les temples s'ouvraient… Ce n'était plus la peine de garder les secrets puisque les militaires avaient pris le pouvoir, donc on divulguait la connaissance et, parmi les divulgations, les ouvertures de la connaissance, les libérations de la connaissance, il y eu l'Art de la Mémoire prononcé, décrit par Simonide - Simonide de Céos lequel a commencé par décrire un système de groupes, comme nous sommes ici, groupes desquels des participants sortaient, rentraient, à l'image… si l’on peut dire, d'un système de places où des images se déplaçaient, alternaient..

   Le mythe ou la légende, ou le système de l'Art de la Mémoire décrit par Simonides de Céos - nous ne possédons pas directement, je crois, ce texte de Simonides, mais il nous a été rapporté par Cicéron. C'est Cicéron qui établit assez clairement les principes ou la description de l'Art de la Mémoire à Rome. Il raconte en avoir reçu la tradition, originée par Simonides. Et puis après, Cicéron et d'autres… nous avons comme personnage important Giordono Bruno qui utilise, comme système de pensée, la méditation sur des roues d'images et de places qui se combinent.

  

   Pour aboutir, conclure, cette petite intervention sur l'Art de la Mémoire, Emmanuel Herrscher nous a fait tout à l'heure le rappel du Tarot comme étant un des systèmes rotatif de places et Emmanuel disait en faisant allusion à des personnes, à des sujets qui s'identifiaient aux places, aux figures du Tarot, il a employé le terme de personnes qui  " entrent dans la roue ". Il me semble que cela justifie le fait de porter notre attention ou de considérer que l'Art moderne, l'art cybernétique, n'est pas tant cette mémoire dans laquelle on entre, comme on entre dans la roue du Tarot, mais est d'abord ce qui se passe quand on sort de la roue, quand une place est libérée, quand une image disparaît… quand apparaît une place vide. Nous avons à l'époque romaine, au moment où se transmet la légende simonidienne, comme Cicéron en témoigne, nous avons aussi Plutarque qui a écrit un remarquable livre qui est resté dans la mémoire, livre intitulé Questions Romaines ; et Questions Romaines a été longtemps une énigme.

   Il s'agit d'un livre qui décrit un parcours dans Rome et qui pose des questions… c'est comme si par exemple… la première question était : quelle est la relation entre la plume et le livre ? - là de ce monsieur et la réponse serait qu'avec des plumes on écrit sur un livre. Deuxième question: quelle est la relation entre la croix et les dates? La réponse pourrait être, c'est une mémoire de la guerre de quatorze… quelque chose de cet ordre et le livre Questions Romaines est une série de questions qui semblent complètement sans lien aucun… cela parle de cuisine, de végétation, de règles de famille et jusque dernièrement, nous ne savions quel était ce lien. Maintenant, supposons que je sois ici, que j'ai posé un certain nombre de descriptions, j'ai posé des questions sur certains éléments qui sont autour de moi, mais, supposons que je me déplace à un autre endroit de la pièce et, à ce moment-là je serai tourné autrement et je poserai des questions sur le piano par exemple. Mais lorsque je suis ici, je ne poserais pas de questions sur le piano qui est derrière moi...de sorte que l'on a découvert assez récemment que le livre énigmatique des questions romaines était en fait un parcours que l'on connaît maintenant très bien dans Rome…C'était un parcours de touristes, de visiteurs et, à chaque station correspond une série de questions qui décrivent, qui entourent la place que le personnage a parcouru [où le personnage stationne] durant sa visite. De sorte qu'en fait, le schéma, le parcours, le circuit, le chemin tracé par les questions romaines, c'est à chaque fois un chemin, un point où l'on n'est pas…C'est un point d'où l'on peut voir mais ce n'est jamais le point où l'on est… [en fait, c'est le lieu même où l'on est et] celui que l'on ne voit pas. Et là, nous voyons qu’il s'agit d'une description de l'Art de la Mémoire - puisque c'était une oeuvre d'Art de la Mémoire, ces Questions Romaines… où cette mémoire se constitue par ces images et ces places… l'image de la plume et du livre à cette place, l'image de ceci à cette place, mais toujours à partir d'une place qui est absente et c'est en déplaçant cette absence [ce point de perspective] que finalement Plutarque arrive à faire un voyage, une description et une histoire de Rome qui peut être extrêmement profonde dans ses dimensions de mémoire, et de subtilité et de connexion entre les choses. Ici nous trouvons avec Plutarque, quelque chose qui nous indique la fonction d'une absence, la fonction de ce qui va manquer à chaque fois dans la roue brunienne, dans la roue de Giordano Bruno. Ceci étant dit pour introduire ce que nous appelons la psychanalyse plurielle, qui est précisément la mise en acte d'une opération d'absence qui est distribuée au sein d'un groupe - comme ce groupe que nous formons - tour à tour quelqu'un était extrait, quelqu'un était abstrait, comme ces points du parcours de Plutarque qui ont demandé des siècles avant d'être compris ou signifiés.

  Si la Psychanalyse Plurielle représente une évolution, une maturation de la psychanalyse lacanienne avec l'expérience d'Armando Verdiglione dont je parlais hier pour aboutir actuellement à une pratique systématique de cette opération, à ce moment-là, nous y trouvons ses racines dans l'art de la mémoire lacanien, lequel se retrouve connecté à l'hermétisme. C'est là une des passerelles, un des souterrains, un des moyens de connexion entre la psychanalyse et l'hermétisme. Il en existe bien d'autres et non des moindres, celle que je vous rappellerais ou qui, se trouve dans l'écrit fondateur du lacanisme, le premier écrit de Jacques Lacan - il s'agit du séminaire sur La Lettre Volée, lequel séminaire se conclut, ou dérive ou évolue après sa lecture d'A.Edgard Poe, est traduit comme un Traité Cybernétique, avec des formules cybernétiques, pour aboutir à la conclusion qu'il n'y aura jamais de meilleur analyste, de meilleur psychanalyste que l'Intelligence Artificielle - que les machines à penser. Donc, le fait que Lacan ait mis à la fondation de sa pratique l'observation de la nécessité d'un appareillage - d'un appareil cybernétique pour conclure ou achever la psychanalyse, ce fait-là le rattache aussi à la tradition hermétique car, nous aurons l'occasion de voir dans la journée que dans le Corpus Hermeticum, et particulièrement dans le Discours Parfait qui est l’un des plus beaux chapitres de ce Corpus, le Trismégiste informe ou enseigne à Tat comment l'humanité est rendue malade par les machines, est ensuite guérie, analysée par ces statues qui parlent, pensent , guérissent, sentent. Voilà comment l'intelligence artificielle est actuellement en train de s'organiser dans notre monde.

   Voici pour ce que j'avais, je souhaitais dire à ce point ; est-ce que Hal veut ajouter quelque chose, ou Daniel ou quiconque d'autre ?

>>  J'essaie un petit peu, comme ceci, de synthétiser tout cela mais… à partir d'Akhnaton… Akhnaton l'arrivée de la parole… Moïse la lettre et donc la troisième identification oedipienne, Orphée etc… qui est plus compliquée,  qui serait peut-être la question du corps, de l'image et je me disais que l'hermétisme finalement a pu exister surtout par son absence, un petit peu comme la roue de Giordano… Est-ce que finalement aujourd'hui l'hermétisme en 2006, est-ce qu'il doit continuer à être absent ou à être présent autrement ou avec un autre nom..?  Voilà  ma question c'est, l'articuler à la psychanalyse ; est-ce que la psychanalyse s'est appelée Hermétisme… est-ce que l'hermétisme s'appellera psychanalyse ou…  voilà, j'essaie un peu de mettre des liens… je n'attends pas de réponse non plus..! 

  Ce ne seront certainement pas des réponses que vous pourrez trouver mais simplement des échos ou des confirmations, ou d'autres points de vues puisque le point de vue change en fonction des déplacements que le discours opère et donc, mais, oui, l'hermétisme, finalement, cela semble pas mal marcher, puisque l'on a pas mal d'appareils, cela nous rend pas mal malade aussi, mais enfin,cela fonctionne et cela fonctionne dans le refoulé - D'autres diront que " l'Inconscient travaille " par exemple ; alors est-ce que cela va nous faire arrêter de travailler si effectivement on met à jour l'Hermétisme ? Ne faut-il pas mieux le laisser caché pour que les esclaves opèrent bien leur travail sans perturbation ? Je pense que cette question est ouverte et se place bien dans la psychanalyse puisque Freud l'a effectivement assumée cette question puisqu'il a consciencieusement, comme on le voyait hier refoulé, ou refusé d'envisager la dimension oedipienne de son Akhnaton-Moïse, puisque au-dessus de son divan où il invitait les personnes à parler, il mettait le grand inquisiteur, la figure du Grand Inquisiteur, Ramsès… Cela devait un peu leur couper la parole sur certains thèmes, certains sujets… voilà pour Freud …Quant à Lacan, il s'est déclaré de façon complètement avouée qu'il travaillait plutôt pour la mort et qu'il n'avait autour de lui que des gens qu'il ne guérirait jamais et il a terminé sa pratique dans un pessimisme grandiose…Cela n'étant pas pour suggérer qu'il a fait avancer beaucoup la vérité.; et donc peut-être était-il de ceux qui caressait la chose mais la maintenait étouffée ?

>>  On parle de Cicéron, si mes souvenirs sont bons, ce n'est pas la mémoire… c'était le grand art transmis par les grecs d'organiser la pensée et la mentalité - c'était la Rhétorique - donc l'accès à une parole publique, une parole civilisatrice et en tant que parole cela touchait à la psychanalyse, c'est à dire, c'est une parole juste… je crois aussi que c'est dans l'hermétisme, c'est une tradition parlée, transmise sur le souffle… mais aussi une parole, un ferment profond, quelque chose qu'on retrouve chez le Christ par exemple : ce n'est pas important… la couche, référence à tous les rites juifs, l'important c'est ce qui en sort, c'est la parole et effectivement il y a des appareils cybernétiques… Il est toujours intéressant de rentrer dans une discipline de la mémoire, une organisation, une orientation de la mémoire… et la façon dont ensuite tout converge, un peu mécaniquement dans la conscience (?) d'un être qui s'oublie dans le moment où il prononce sa parole parce qu'il est habité par une mémoire qui est derrière lui… c'est Saint Bernard, c'est : Nous sommes grands parce que nous sommes ???

 

 

suite

 

      Nous avons un exemple là… Emmanuel  nous donne un exemple de ce que Daniel mentionnait du jeu, du caractère très joueur de Thoth, du dieu de la parole, lorsque tu dis que c'est une ferment profond… c'est très fermant… hermétiquement… si l’on peut dire !

>>Justement, le mot, c'est 'motus'.. muet..