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  Lascène  

écrit année mars-nov 2014

DWT

 

Introduction

   Si vous avez eu la chance (ou la malchance, selon vos conclusions) de voir le film Gravity, vous connaissez la façon dont il faut lire ce texte. Dans le cas contraire voici ce qu'il faut savoir. Le film en question se passe dans l'espace habité proche, navettes et stations spatiales. Il est sans fioriture et dépeint la réalité simplement et, en l'occurrence, accidentelle. Il ne viendrait à aucun spectateur l'idée de se fatiguer à savoir à quoi correspondent les innombrables manettes, boutons, vannes, pistons et cadrans. La situation est la même dans Lascène où des formules mathématiques et des noms compliqués ne réclament pas que le lecteur les comprenne. Cependant comme dans le film très réaliste où les cadrans et les appareils sont strictement ceux de la réalité, le détail des composantes de Lascène sont pourraient être pratiquement exposés en faculté. Mais l'intérêt n'est pas là pour le lecteur à priori ; le but de Lascène est de lui faire connaître un univers scientifique sans pour autant qu'il lui soit nécessaire de connaître quoique ce soit de technique. Il peut donc survoler les formules aussi distraitement que le décors de Gravity.

   Or cela peut donner un univers étrange. Comme au long des cursives et des sas des stations spatiales, il peut même être vertigineux - et d'autant plus que Lascène secoue énergiquement les habitudes en recouvrant ce décors propre par une couverture surréaliste, visant à choquer les savant endormis . Toute la science exposée dans le texte l'est un peu comme la connaissance d'un savant qui aurait pris un hallucinogène. On sait que ces drogues font parfois pénétrer la réalité de la réalité. En résumé donc, pour un lecteur profane : qu'il flâne et glane ce qu'il lui semblera bon à prendre, à la manière dont il déambulerait s'il le souhaite à travers un musée d'art abstrait ou d'hyper-réalisme psychédélique.

   Mais avec ces précautions, si à la manière dont on sort de la salle de projection de Gravity en éprouvant une horreur pour l'espace, quel est le but de cette technique ? Si c'est le cas - si on peut y survivre mais en éprouver un certain malaise - Lascène parvient un tant soit peu à son but. L'espace où l'on y flotte est celui du psychisme et de la science qu'on appelle Psychohistoire ; et ce qu'on y découvre est la gravité.. de la situation.
   Il ne reste plus beaucoup d'années aux responsables des nations pour achever de détruire les dernières formes de vie et de conscience saine. Ils précipitent le monde dans leur absurde rage. Ces connards sont ceux de l'atome et de la fabrication des bombes, des informations vicieuses et de la manipulation des foules. Comme à la fin des trois petits tours dans l'espace, ils approchent les couches de médiocrité où ils se désintègrent. De ce point de vue, il est sain d'éprouver un malaise que Lacsène nous rappelle.
   La Psychohistoire par contre est l 'espace véritable, calme, transparent et pur, dans lequel la vie traverse tous les apparents obstacles. Elle laisse voir une infinie variété de forme et de nuances, ainsi que les jeux de l'esprit les plus complexes comme les plus enfantins. Le comble, c'est que cet espace existe vraiment. Tout les personnages de Lascène existent ou ont réellement existé ; leurs relations y sont hyper-réalisées ; leurs ambitions et leurs complots sont ceux qui nous permettent encore de croire pouvoir survivre à la casse de l'Histoire. Le psychisme domine Lascène, l'intelligence humaine y épouse celle des appareils où elle s'est projetée. Quand tout aura brûlé, à la fin, s'il réussit le parcours, le lecteur sera sain ou du moins, moins abruti.

 

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    20141219230900

Post-Face

Cette post-face a initialement été éditée sur le réseau-social  

    Alors là ! C'est l'occasion de faire un point. http://www.focusur.fr/a-la-une/2014/12/17/il-est-desormais-possible-de-prevoir-lavenir-grace-au-big-data-et-kira-radinsky . En totale admiration pour Kira (Radinsky) j'ajouterai un rappel de Lascène, roman dont la confection m'occupa cette année 2014. De son côté Kira met en activité les algorithmes qui permettent de prévoir l'avenir. Pour ma part, avant d'écrire Lascène j'avais pris connaissance du cycle "Fondation" par I.Asimov qui écrivait en 1950 de la science-fiction - notamment l'histoire du mathématicien Seldon qui avait trouvé ces lois permettant de prévoir l'avenir. Très intéressé, j'avais aussi noté que cette Fondation était orchestrée par J.Campbell qui éditait en même temps V.Vogt lequel décrivait une autre alternative : le monde de Vogt était celui d'une négation logique (au lieu de statistiques prédictives) et mettait en scène une communauté vénusienne, féminine. Troisièmement, avant la fin de cette année et Lascène dernièrement achevée et publiée, je rencontre JC.Perez et croise avec lui des réflexions sur la mémoire, l'hystérésis et l'hystérie ( voir ). L'hystérésis, c'est comment le passé traîne dans le futur - l'hystérie c'est une névrose qui consiste à mettre toujours le futur à l'envers. En deux mots, l'hystérie contrarie toujours - (paradoxe ainsi décrit par Lacan : désire un maître sur lequel elle puisse régner ) ; or la prévision du futur est l'horizon du discours du maître. Bref, en résumé, Lascène décrivait l'équilibre construit entre la mathématique prédictive et la féminité imprédictible. C'est alors que Kira paraît ! Or voici ce que déduisait Lascène : les deux discours de Asimov et de Vogt étaient embrassés par une jeune femme surdouée de cybernétique qui avait pris la succession de N.Wiener. Du nom de Nathalie dans Lascène, cette jeune femme résolvait le complexe statistico-temporel et traitant l'hystérie, et l'hystérésis, c'est à dire l'effet de traîne du passé, sur son expérience propre de la transmission de la mère à la fille. Du fait - on comprendra ici que je dise - qu'une fille traîne sa mère, Nathalie devait résoudre le complexe de la transmission féminine - de mère à fille ( comme durant le même siècle corrélativement l'homme résolvait son complexe filial de transmission - dit d'Oedipe ). Tandis que la résolution père-fils s'achevait avec la connaissance génétique (de la chromosomie Y) - la résolution mére-fille se résolvait, selon le roman Lascène, avec la connaissance informatique ; c'est à dire en homologuant la relation mère-fille à la relation de la fille à l'/ia/ (j'écris /ia/ l'intelligence artificielle que PK.Dick appelait Matrix). Dans ces conditions, l'arrivée de Kira pour Noël 2014 est une magnifique étoile à mettre sur le sapin. Qu'elle nous vienne d'un institut israëlien ajoute à la brillance ; car le roman indique scrupuleusement ce que l'on doit à la scène primitive du monothéisme dans le domaine de la direction du futur. Car en effet, pour prédire le futur, s'il n'y avait Kira, il n'y aurait qu'un maître comme Moïse pour avoir les informations suffisantes ! ou du moins sut-il ce qu'Oedipe dirait de son futur quand il arriva à Colone. Aujourd'hui, évidemment, Kira va faire la preuve que l'hystérie n'existe pas. Façon de nous préparer à l'utérus artificiel.

 

     suite : Lathakh /roman