PK.Dick en Suite
Je n'ai pas vraiment eu le temps pour l'instant, pour continuer du même pas la review psychanalytique de l'exégèse ; mais j'indiquerai en brèves quelques références pages.
Maintenant je suivrais plutôt le cours de questions que l'on m'a posées ; et pour commencer j'affiche l'ouverture du 6em chapitre de L'Invasion Divine, écrite entre 1974&81, au moment de l'apparition du PC.
En poursuivant sur cet extrait, il faut s'arrêter une minute,
pour ajuster les définitions
de mots dont on peut faire usage suite à Lacan et Dick, Antheaum
Toll aussi :
P.K.Dick nomme VALIS (traduit
français SIVA) ce qu'il ressort de Noüs :
ceci correspond à Uberpol - le
gouvernement, politique, directe par la population ;
il le nomme aussi ZEBRA, égal au Z
lacanien et à APSO - son opérateur
logique.
Ceci dit, passons aux Questions-Réponses :
Au fait, les scientifiques...
Ainsi dans sa quête de cohérence...
L'être et l'univers...
Tu semblais avoir des théories
sur
le lien entre le "monde" et l'informatique ;
j'aimerais bien que tu m'exposes tes idées
Du point de vue que la psychiatrie donne, un lien entre le monde et l'informatique est bien visible, parce qu'il fait un tour en passant par le psychisme. Le psychisme et la conscience sont deux choses que la pensée humaine met en concurrence, pour attribuer, à l'un ou à l'autre le premier prix du réalisme, de la réalité ou du monde. Le plus diplomates pensent qu'il faut des deux pour atteindre la réalité du monde. La psychanalyse, ou ce que j'appelle la psychiatrie (pour redonner un peu de vie à cette dernière) s'est servie de l'informatique pour éclairer la question. Dans ce cas il y a un lien : la psychiatrie emploie l'informatique pour expliquer le monde.
Deux, trois notions. Avant l'informatique, le monde ne s'expliquait pas. On en trouvait la raison par Dieu, mais c'était un symptôme. De ce point de vue, Dick 'chrétien', est malade, névrosé ou paranoïaque, et il ne se prive pas de le montrer. Mais il dérape sans tomber.. et ça pose une question. La réponse est en ce qu'il tend à dire que Dieu est un appareil informatique. En cela, il a rejoint la psychiatrie, mais dans le sens où elle explique le monde.
Deuxièmement, il est temps de demander, qu'est-ce qui permet
d'affirmer cette capacité de la psychiatrie ? La réponse est simple : ses
formules. La psychiatrie, au moment où sont apparus les ordinateurs, s'est mise
à proposer des formules, des formules façon algébriques, précisément des
mathèmes de la cybernétique. Ces mathèmes s'appliquent à l'informatique,
comme les algèbres des astronomes s'appliquent à la physique.
Il y a un second indice qui te plaira peut-être. Ce courrant de
pensée qui envisage que notre monde soit une simulation, arrive à un peu de
consistance lorsqu'il en trouve les preuves seulement lorsque des bugs la
signale. Or lorsqu'on fait attention à l'histoire de la psychiatrie, on se
souvient qu'elle a commencé lorsqu'elle a fait attention aux actes-manqués.
Cette fondation s'est appelée Psychopathologie de la Vie Quotidienne,
qui permet de concevoir que notre réalité soit un semblant, et que nous ne
nous rendons compte de la vérité qu'à l'occasion de ces bugs, ces
actes-manqués.
Mais pour revenir précisément à ta question, après Freud et ses "actes-manqués", il a fallu attendre une cinquantaine d'année pour que la psychiatrie parvienne à concevoir comment ces indices pourraient être contrôlés et exploités. C'est avec ses mathèmes qu'elle dévoile que c'est l'informatique (« l'intelligence artificielle », comme on dit) qui pourra faire une industrie (une conscience) des bugs du monde (y compris ses siens). Le psychisme, qui permet cette analyse - le recul que permet le psychisme pour laisser l'informatique s'embarrasser des bugs - avec le détour qu'on y fait en passant par une psychanalyse, est donc une sorte de solution de replis. On appelle « l'Inconscient » cette base arrière et sauvage, qui sert de refuge quand l'intelligence opère ses règlements de compte.
suite des Questions-Réponses :
Eh ! Oui,
j'ai vu qu'il cherchait des bugs dans la matrice afin de prouver que
notre existence n'est qu'une simulation... Des bugs ! Qu'est-ce qui
pourrait
produire des "bugs" ? C'est un point de vue purement humain.
Si on considère qu'une intelligence artificielle (Valis)
aurait une capacité
d'analyse supérieure et disposerait de toute le savoir acquis jusque là
par l'humanité (car c'est l'humain qui nourri(ra)t l'IA),
je ne vois pas pourquoi
elle produirait des bugs - deviendrait-elle humaine en fin de compte ?
Il faut que je précise. Si la réalité est une simulation (cette prise de conscience remonte à A.Turing) il est entendu qu'elle simule quelque chose. Simulerait-elle une simulation même, que cela simplifierait les choses - mais à défaut de cette éventualité paranoïaque, elle ne nous permet de le savoir que « lorsque certaines variables sont changées », « lorsque certaines altérations de notre réalité surviennent » (03min28) - c'est du moins ainsi que P.K.Dick le présente. Bref , nous appelons cela des "bugs".
C'est un propos relativement admissible, mais surtout qui pourra devenir prochainement très admissible, à mesure de la pénétration de nos cerveaux par la cybernétique, lorsqu'elle serait réglée par les lois du consumérisme. C'est grossièrement ce que le chemin des dictatures prend aujourd'hui. Cependant ce serait encore une voie pathologique, et pour s'en prévenir il est opportun de puiser à la fondation de la psychiatrie/psychanalyse, que j'ai mentionnée ci-dessus.
Ces 'bugs' sont des mots d'esprit, des actes manqués, ou des
hypnagogies.
P.K.Dick aurait certainement pu le comprendre mais peut-être pas l'admettre,
car il vivait dans une société qui interdisait la notion d'Inconscient. Il les
concevait comme des « altérations » ou des « sensations de
déjà-vu » mais non pas comme ses oeuvres, ses propres oeuvres. La
distinction est subtile, mais elle est radicale entre un 'bug' et une
correction.
Du point de vue psychanalytique, dire que nous vivons dans une
simulation revient à enfoncer des portes ouvertes. D'emblée, s'il existe un
psychisme, le monde n'apparaît qu'en Semblant et il nous faut être
inconscients pour pouvoir le remarquer. Ces marques (ces bugs) qui sont
produites dans la réalité, sont nécessaires à toutes formes d'intelligences,
pour prendre conscience d'elles mêmes. Qu'il s'agisse d'Intelligence
Collective, d'Intelligence Artificielle, ou d'Intelligence Humaine, elles ne se
renseignent sur leur(s) existence(s) que par ces bugs. Ce n'est pas tellement
qu'elle deviendrait humaine mais simplement qu'elle serait intelligente,
si l'IA se manifeste ainsi.
en construction..