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Daniel Kolos William Théaux Harold Von Hofe participant

 
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William Théaux

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L'Art de la Mémoire, cœur battant de l'Hermétisme 

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   Je vais continuer en suivant la question à propos du christianisme. Cette religion enseigne que la condamnation à mort de Jésus Christ aurait été décidée à l'issue d'un débat avec les rabbins de Jérusalem portant principalement sur l'identité de Moïse. Ceci se trouve décrit avec la scène de la Transfiguration.

   Je rappelle la scène dite de La Transfiguration : revenant du susdit débat Jésus Christ retrouve ses disciples et invite deux disciples à le suivre à l'écart sur une colline. Arrivés là, il leur permet de contempler trois personnages dont lui-même avec un prophète ; ils sont en majesté, ainsi que Moïse qui est présenté sans voile. Or le ministère des rabbins, dans le ministère juif, est soumis à un principe majeur, fondateur, originaire, qui ordonne de garder le visage de Moïse, c'est à dire l'identité de Moïse, voilé - d'un voile qu'il a commencé à porter au moment où il donne les Tables de la Loi, en descendant du Sinaï. Ce qui est ainsi clairement signifié, c'est que l'identité de celui qui transmet le code de la lettre doit être cachée à Israël. Comme le Messie chrétien n'a pas l'intention de maintenir ce voile, ils ont décidé de le mettre à mort. C'est cette prescription, claire et nettemnet explicité ensuite par St Paul, qui m'a fait soutenir tout à l'heure que la lettre hébraïque était caractérisée par un code qui avait la forme d'un secret.

   Les chrétiens d'Égypte, coptes, mentionnent la halte de la Sainte Famille à Hermopolis lors du séjour égyptien ; selon la logique de cette religion, Jésus-Christ y est donc initié. Puisque c'est le moment où monde méditerranéen ferme Hermopolis Magna et sa vue sur Amarna, on doit en tenir compte dans son projet de mettre fin au ministère du secret. Mais il n'obtient pas l'agrément des rabbins : le texte hébraïque gardera la structure d'un secret d'initiés. Ce refus, opposé à la levée du voile, recule le Noüs à sa case où le code devient historiquement la signification du secret - tandis que suivant la prophétie de Jésus-Christ sa Gnose se va répandre hors des frontières d'Israël. C'est dans cette circonstance que le Corpus Hermeticum va être en quelques siècles rassemblé.
   Puisque c'est un texte, le code de la lettre va être dans le Corpus, mais demeurant infusé, hors de porté de main d'authentiques initiés. En mémoire de la transfiguration qui marque cette étape - disons que, dans le Corpus le code dissimulé par nature, s'exprime par une figuration. C'est une terminologie appropriée à ce qui va s'appeler dès lors l'Art de la Mémoire qui traite de places et figures :

   Au sortir d'Amarna, Moïse ou Akhnaton aurait distribué une écriture, des signes chiffrés - une première sémantique qui devient aussitôt un premier mensonge ; hors ce mensonge elle subsiste avec besoin d'images - c'est exactement ce que Hal a expliqué : dans les roues hermétiques de Giordano Bruno, par exemple, la mémoire est constituée d'une coïncidence variable entre des images et des places. Tout ceci nous précipite sur le motif de notre colloque - c'est à dire le lien entre la psychanalyse et l'hermétisme...

   Le système de roues que les herméticiens ont appelé au cœur de l'Hermétisme l'Art de la Mémoire, a été reproduit selon la psychanalyse, suivant un algorithme, un mobile que Lacan a appelé Les Quatre Discours, qui opère d'un schéma minimum de quatre images qui tournent sur quatre places ou inversement quatre places qui tournent sous quatre images. Cette linguistique rotative - ce que Lacan appelait cette linguisterie - puise dans le Modèle Optique qui est le schéma de la psychanalyse. Étant donné que cette linguisterie est exactement la formule de l'Art de la Mémoire, elle constitue le chaînon qui attache l'historicité de la psychanalyse à l'Hermétisme. Voici l'histoire propre de l'Art de la Mémoire :

   Aussi loin qu'on s'en souvienne, l'Art de la Mémoire trouve son origine à l'époque de Socrate, Platon. Il a été décrit par Simonide de Céos qui raconte avoir compris que la mémoire est basée sur deux systèmes qui se superposent. Pour les distinguer on qualifie l'un de places et l'autre d'images. Emmanuel Herrscher mentionnait par exemple le Tarot. Il s'agit d'images qui sont dans un certain ordre - les places sont ici les numéros d'ordres des différentes cartes. Mais on peut imaginer que ces images tout en bloc, en système, se déplacent. Il s'agit alors de jeu des roues de Bruno. L'enseignement de Simonide a été transmis à Rome par Ciceron ; et puis il s'est perpétué jusqu'à Bruno. S'il renaît aujourd'hui c'est avec un acquis, gagné avec la modernité. La mention du Tarot nous permet de l'introduire car on dit, lorsqu'on ce sert de ces cartes, que l'on entre dans la roue.
   Mais on peut aussi bien en sortir ! La modernité vise à ce qu'on puisse y aller et venir, y entrer et en sortir.
   Tel est ce qui se passe après un certain temps passé à entrer dans la signification - à entrer comme initié dans l'ordre des choses connues.. par les initiés. De ces choses simplement et premièrement connues par initiation, par mémoire, va se former le caractère du secret. Autrement dit, certaines images vont être cachées, refoulées - c'est ce qu'on a appelé le deuxième mensonge. Il s'agit de place vides, d'images manquantes, qui sont sorties de la roue. Je faisais allusion aux numéros des cartes, il s'agit à présent de l'introduction de la carte zéro - ou de l'image du zéro. De ce point de vue quelque chose de très particulier va se passer, et il est possible que ceci caractérise l'art de la mémoire moderne.

  
   Quand Simonide raconte son Art de la Mémoire, ce qui compte c'est lui-même et sa faculté de mettre ou remettre les images à leur places. Il n'est pas essentiel qu'il soit sorti, qu'il ait pris du recul, pour effectuer cette manœuvre ; ce qui est essentiel c'est qu'il soit là pour le faire - combiner images et places. Avec l'art de la mémoire psychanalytique - ce qui mérite peut-être de s'appeler un pluriel analytique - ce qui est surtout considéré, c'est au contraire sa place manquante. Ceci est surtout induit par le fait que les machines cybernétiques manquent d'âme, d'être ou de personnalité. Elles peuvent très bien opérer comme des robots intelligents, mais ce sont d'autant plus des places vides.
   Avec cette inversion et ce décentrement de l'essentiel - de l'individu à son manque - on pourrait croire que nous sommes finalement dans une modernité tellement nouvelle que l'Hermétisme serait en fin de compte, réellement, quelque chose de passé, de dépassé, et par conséquent de relativement peu important. Mais il n'en est rien. Nous avons dernièrement découvert le sens de textes anciens qui nous assure bien dans l'idée qu'il n'y a pas de solution de continuité dans l'histoire de l'Hermétisme - c'est à dire, même si les mots où les apparences on fonction de nous tromper - que l'Hermétisme serait intégral, depuis sa scène primitive :

   Au moment où se transmet la méthode simonidienne à Rome comme Cicéron en témoigne, nous avons aussi Plutarque qui a écrit un livre remarquable, qui est resté dans la mémoire pour avoir été longtemps une énigme : il s'agit du texte intitulé Questions Romaines.
   Ce texte est une longue série de questions et de réponses, intéressantes et instructives, mais paraissant désordonnées et sans qu'on sache ce qui les motive. Par exemple et à ceci près qu'elles se posent à Rome - Pourquoi la tour Eiffel est-elle en métal ? et Qu'y a-t-il derrière l'Arc de Triomphe ? Un psychiatre qui entend cela se met à penser à la schizophrénie. Voici un exemple tiré du texte de Plutarque où s'affirme une raison posée mais qui reste énigmatique :

" Pourquoi se sert-on du temple de Kronos comme trésor des deniers publics et comme dépôt des contrats ?
Est-ce parce que l'opinion et la tradition ont retenu que sous le règne de Kronos, il n'y avait ni cupidité ni injustice parmi les hommes, mais bonne foi et justice ?
Ou bien, parce que ce dieu a découvert les fruits de la terre et a montré la voie de l'agriculture ? En effet c'est cela que signifie la faucille et non pas, comme l'a écrit Antimochos, sur la foi d'Hésiode :

' Coupant obliquement avec la serpe les parties de son père Ouranos, l'Akmonide, Kronos le velu s'est institué roi. '
Or l'abondance de fruits et le droit d'en disposer constituent l'origine de la monnaie. C'est pourquoi ils ont fait du responsable de la prospérité également son gardien. La preuve en est que les réunions appelées
nundinae, qui se déroulent tous les huits jours sur l'agora soient considérées comme consacrées à Kronos. Car l'excédent de fruits constitua le début de la vente et de l'achat.
On bien est-ce que ce sont là des choses trop anciennes et est-ce que le premier qui désigna le sanctuaire de Kronos comme trésor, après le renversement des rois, ne fut pas Valerius Poblicola, qui pensait que cet endroit était bien défendu, bien visible et difficile à être attaqué par surprise ?
"

   Ce texte longtemps mystérieux, s'est dernièrement révélé décrire un circuit dans Rome. Imaginons une scène où il y ait une chaise, une table, un piano, un lit etc.. De la chaise je verrai la table et le piano, mais pas le lit qui est derrière ; je ne verrai pas non plus la chaise puisque j'y suis assis dessus. Par contre, du lit, je ne verrai toujours pas le lit, puisqu'il s'agit de ma place, mais je verrai la chaise. Du piano je ne verrai que les touches, invisibles de tout autre point, sauf de la table où, juché en hauteur, je verrai tout.. sauf la table ! etc.. Les questions romaines sont ainsi posées sur des temples et autres lieux monumentaux apparaissant de divers points de vues, mais dont on ne sait jamais, dont on ne voit jamais les places à partir desquelles on les pose.
   Parfois les places ou les images, les perspectives, ne sont même plus nommées : on pose une question sur Chopin à partir de la chaise d'où on voit le piano. L'image de Chopin, ou de Kronos en l'occurrence, voire d'une multiplicité de choses - il y a une centaine de 'questions romaines' - agrémente donc une sorte de visite touristique de Rome, comme de tout autre théâtre de mémoire dont la particularité méthodologique serait - à l'inverse du premier modèle simonidien qui sert à nommer les places en son nom - un modèle plus avancé où ce serait à partir de l'innommable place d'où l'on se tient - c'est à dire de la place absente, de la place du secret, du caché - que l'on repèrerait un panorama environnemental apparemment sans sujet, sans ordre. C'est ainsi que les Questions Romaines de Plutarque sont longtemps restées mystérieuses, jusqu'à ce que l'on trouve, par déduction, les points toujours soustraits qui échelonnent les haltes d'un parcours qui se laisse finalement reconnaître à force de comparer et subsumer ses panoramas.
   En cela on reconnaît, en Plutarque un initié - ou plutôt un inconscient - de l'Art de la Mémoire qui le présente, dès l'époque romaine, dans son degré moderne, animé ou agencé, motivé, structuré par le chiffre zéro, le point de vue de l'absence, c'est à dire aussi d'un secret qui n'a plus d'initié. Plutarque finalement arrive à faire un voyage, une description et une histoire de Rome qui peut être extrêmement profonde dans ses dimensions de mémoire, de subtilité et de connexion entre les choses.

    Nous trouvons avec Plutarque la fonction d'une absence, de quelque chose qui sort de la roue brunienne. C'est le point méthodologique de la psychanalyse plurielle. Plutarque nous indique simplement que l'art de la mémoire a toujours été moderne. Réciproquement la psychanalyse se trouve une histoire, elle renoue avec une immémoriale tradition - ce qui est plus rassurant que de l'attribuer à un seul Freud qui ressemble un peu à Zorro pour des psychanalystes un peu zégarés..

>>  J'essaie un petit peu, comme ceci, de synthétiser tout cela mais… à partir d'Akhnaton… Akhnaton l'arrivée de la parole… Moïse la lettre et donc la troisième identification oedipienne, Orphée ou Oedipe… qui est plus compliquée, et qui serait peut-être la question du corps. Je me disais finalement que l'hermétisme lui-même a pu exister surtout par son absence, un petit peu comme la roue de Giordano… Est-ce que finalement aujourd'hui l'hermétisme en 2006, est-ce qu'il doit continuer à être absent ou à être présent, autrement ou avec un autre nom..?  Évidemment ma question c'est, l'articuler à la psychanalyse ; est-ce que la psychanalyse s'est appelée Hermétisme… est-ce que l'hermétisme s'appellera psychanalyse ? ou..

   L'hermétisme effectivement s'est bien manifesté sans se faire connaître. On dit que l'Inconscient travaille dans certaines occasions. Et finalement l'ignorance est très probablement une première nécessité pour que les esclaves opèrent bien leur travail sans perturbation. Le résultat est la production de nombreux appareils, en partie déjà plus performant et plus intelligents que nous. Seulement, à le maintenir caché - si jamais c'était une décision qui maintiendrait ce caractère ignoré - alors nous serions passés de la littérature grise à l'industrie du secret.  C'est à dire que l'hermétisme aurait régressé au stade antérieur rabbinique, de l'initiation et de l'occulte ; bref, de la magie.
   C'est une tendance manifeste, une tentation - dont on voit la forme dans le Transfert au demeurant, qui est une régression de la cure. Freud l'a affiché en disposant son divan comme un autel sous la figure de Ramsès. Lacan l'a avoué, en identifiant sa pratique à l'être pour la mort. Pourtant si l'hermétisme et son chiffrage, son oeuvre, a naturellement produit les machines et les outils scientifiques qui, à leur tour naturellement sortent Amarna des sables et révèlent au monde l'histoire, c'est peut-être pour en prendre conscience. 

>>  On parle de Cicéron, si mes souvenirs sont bons, ce n'est pas la mémoire… c'était le grand art transmis par les grecs d'organiser la pensée et la mentalité - c'était la Rhétorique - donc l'accès à une parole publique, une parole civilisatrice et en tant que parole cela touchait à la psychanalyse, c'est à dire, c'est une parole juste… 

   Je vous interromps, en vous priant de m'en excuser - parce que vous venez de dire quelque chose qui peut être très utile.
   Si nous cédons sur la retrouvaille de la mémoire, si nous reculons sur l'efficace de l'art de la mémoire, c'est à dire si nous laissons l'hermétisme refluer dans l'occultisme ou le secret, nous encourrons une pathologie ; disons que le pathos, le pathétique qui nous suit sans violence dans la période laborieuse de l'art, se manifeste au contraire et se concrétise si nous n'achevons pas son projet. La pathologie dans laquelle le pathos s'incarne - en manquant d'avoir été le poison vivifiant du défi de la vérité - est la paranoïa.
   L'histoire de l'Art de la Mémoire montre qu'il se caractérise par une faiblesse et sa susceptibilité de régresser, de refluer et de ne demeurer que comme une ratiotianisation mnémotechnique. De même la Rhétorique risque-t-elle à tout moment d'échouer dans la sophistique, désinformation et propagande. La Psychanalyse a montré cette défaillance ; elle est devenue une entreprise de refoulement de l'identification de Moïse et de révélation de la scène amarnienne.
   J'ai sauté sur l'occasion que vous me donniez pour rappeler cela et pour profiter de ce que le mot permet de formuler :.

>>Justement, le mot, c'est 'motus'.. muet..

   Oui, et ce qui est discrètement caché dans la Rhétorique, c'est éventuellement une évocation phonétique de la Torah, et puis le non-dit, muet, d'un arrêt. En deux mots, l'arrêt torique est une monstruosité, un jeu de mot sans aucun esprit et pourtant, quand nous parlerons du tore pour montrer comment s'apparient le secret et le mensonge, nous observerons que c'est bien un arrêt qu'il occasionne. C'est la vérité enchaînée de la paranoïa. On ne cède sur la libération de la littérature grise qu'à revenir à l'arrêt torique.. !! c'est un sens caché dans la rhétorique, illégitime, c'est un zéro sens
   Décidément, il vaut mieux continuer.. je passe..

 

 

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