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Art de la mémoire
Le voici rapporté par Cicéron - via Frances Yates,
l'historienne spécialiste de l'Art de la Mémoire
Au cours d'un banquet
donné par un noble de Thessalie qui s'appelait Scopas, le poète
Simonide de Céos chanta un poème lyrique en l'honneur de son hôte,
mais il y inclut un passage à la gloire de Castor et Pollux.
Mesquinement, Scopas dit au poète qu'il ne lui paierait que la
moitié de la somme convenue pour le panégyrique et qu'il devait
demander la différence aux Dieux jumeaux auxquels il avait dédié
la moitié du poème. Un peu plus tard, on avertit Simonide que deux
jeunes gens l'attendaient à l'extérieur et désiraient le voir. Il
quitta le banquet et sortit, mais il ne put trouver personne.
Pendant son absence, le toit de la salle du banquet s'écroula, écrasant
Scopas et tous ses invités sous les décombres ; les cadavres étaient
à ce point broyés que les parents venus pour les emporter et leur
faire des funérailles étaient incapables de les identifier. Mais
Simonide se rappelait les places qu'ils occupaient à table et il
put ainsi indiquer aux parents quels étaient leurs morts. Castor et
Pollux, les jeunes gens invisibles qui avaient appelé Simonide,
avaient généreusement payé leur part du panégyrique en attirant
Simonide hors du banquet juste avant l'effondrement du toit. Et
cette aventure suggéra au poète les principes de l'art de la mémoire,
dont on dit qu'il fut l'inventeur. Remarquant que c'était grâce au
souvenir des places où les invités s'étaient installés qu'il
avait pu identifier les corps, il comprit qu'une disposition ordonnée
est essentielle à une bonne mémoire. |
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