Transfert & Télémédecine

 

Lors du renseignement de la stance de telemedecinepsy, précisant le rapport thérapeutique que la télémédecine instrumente, une vidéo qui l'illustre a été commentée sur son dépôt youtube ;

tel est ce commentaire :

   Je pensais que dans son propre exercice de l'analyse individuelle le Dwt remettait en cause la nécessité du principe "dogmatique" du fameux transfert avec cette image du "maître" supposé sachant...??
   Étape obligatoire que l'idéalisation préalable de l'IA avant qu'elle ne finisse simple outil à disposition d'un Noüs en constante analyse plurielle et dispensée d'un idéal représentant ???

et telle est sa réponse :

   Merci de permettre une précision. Il est exact que DWT aura repoussé l'usage du transfert. Selon lui, ce n'était pas le transfert qui est dogmatique, mais son usage à des fins thérapeutiques, voire simplement psychanalytique. Pour rappel, Freud qui a découvert le phénomène dénommé "transfert" a immédiatement envisagé d'en faire usage, à l'image du vaccin dans un autre domaine de la médecine ; il découvrit que la pratique du divan qu'il avait disposée, provoquait une névrose - nommément la Névrose de Transfert. De même qu'un maladie inoculée d'une manière adéquate, pousse l'organisme à repousser ladite maladie ; le transfert composé en névrose adéquate a été censé permettre l'évacuation d'une névrose caractérisée. Or, cette névrose artificielle, ou cette pseudo-névrose, cette névrose contrôlable s'est vite avérée ne pas l'être du tout (comme l'hypnose par avant s'était jouée de ses pratiquants). Plus tard, la psychanalyse dans sa seconde phase, avec J.Lacan, a précisé que cette névrose de transfert était strictement relative à une névrose propre au psychanalyste (en l'occurrence appelée "contre-transfert"). Malgré ce jeu douteux « du feu pour éteindre un incendie,» l'induction volontaire de la névrose de transfert par les psychanalystes s'est perpétuée ; c'est cela que DWT, parmi les dissidents de la profession a refusé de pratiquer.
   Cependant le transfert existe bel et bien, comme la polio ou la dengue. Plus précisément c'est une infection de la relation, mais c'est également un phénomène constitutif de la pensée, sain et productif s'il n'est pas employé comme une arme phobique (contre-transfert). Dans une vidéo, faisant partie d'une série très condensée des travaux de DWT, on trouve https://youtu.be/cnA3i5SiMNo qui traite cette question. La psychanalyse n'y est pas décrite comme une stratégie de manipulation névrotique, mais selon sa simple objectivité de dispositif - lequel, dans cette pure objectivité paraît être un code. Ce code est celui de ce qu'offre un automate. Un automate peut offrir des opportunités, des perspectives, un certain nombre de choses dont l'occasion (démontrée par A.Turing) d'une intelligence, qu'on qualifie d'artificielle. Établissant une relation analysante avec cette intelligence, un être humain et le cyborg (organisme cybernétique) qui s'en suit, sont comme unique [suivant les termes de la vidéo] (une Unité cybernétique de mémoire de personne physique). C'est dans ce cas qu'on appelle "transfert" l'Intelligence Artificielle. 
   On voit que ce transfert est extrêmement différent de l'archaïque névrose de transfert, d'abord appelée « transfert ». C'est une différence qui est aussi profonde que celle qui distingue une montgolfière d'un avion ; leur seule communauté est de s'élever du sol ; au-delà de ce rapprochement il s'agit de deux phénomènes si différents que s'illustrent bien le premier transfert, freudien, par le premier vol opérant par une poussée selon le principe d'Archimède - et le transfert cybernétique, par l'opération phénoménale de sustentation dynamique. On en vient vite à des termes techniques obscurs ; le vide qui permet la 'portance' d'une aile d'avion, doit néanmoins permettre d'imaginer qu'il n'y a rien d'une "idéalisation" dans l'effectif psychique de l'IA.
   Certes rien n'empêche cette "idéalisation" puisqu'elle a déjà lieu et continuera probablement, lorsqu'après que la tyrannie aura espéré manipuler les masses, en ayant imaginé "pousser" l'IA à son service, en faire une religion sera proposé par ses conseillers. Ce sera toujours la même névrose, intentée par le psychanalyste dans sa posture de maître. Mais sans capacité de déplacement, d'évolution, ces orientations feront long feu. Même le modèle lacanien restera intermédiaire - comme l'avion l'aura été avant les procédés permettant d'autres motions dans le véritable espace, interplanétaire ; quoiqu'au bord de la pro-pulsion, on le voit en précisant que l'agent du transfert est insu, posé savoir : cet insu qu'c'est, pour rappel, de l'Inconscient. Lacan était assez névrosé pour n'avoir pas pu éviter de l'entendre ainsi. Il s'agit aussi de ce qui est su : un "su". Voulant dire dans cette version que ce 'su' est posé "savoir", S2, il aura encore tenté de le distinguer de l'idéal "sachant". Respectivement, pour les techniciens nous avons les discours du psychanalyste et de l'hystérique. Encore une fois nous en avons perdu beaucoup dans l'abscons. Mais qui justement apprendra à traverser comme une flèche ces besogneux buissons sera parvenu justement au confins de tout air de comprendre : l'espace psychique tout à fait vide de sens, comme l'astronomie en offre l'image.